Blondino


Crédit photos : Diane Sagnier
D’une douceur irrésistible, Blondino transforme la noirceur en lumière. Puisant ses idées dans ce qu’elle lit, écoute et vit, cette artiste brille par ses jolis textes et ses mélodies. Pour la sortie de son dernier EP, Blondino s’est confiée sur ses débuts, ses sources d’inspiration et ses références. Rencontre.
L’univers de la chanson était une évidence pour vous ?
Oui, j’ai baigné dans cet univers. Ma mère chantait… faux (rires), mais elle chantait tout le temps et mon père mettait beaucoup de musique. J’ai commencé très tôt à composer, à jouer de la guitare et j’ai ensuite fait mes premières chansons. J’avais envie d’autre chose, d’aller plus loin dans la composition et d’échanger avec quelqu’un. Ensuite est venu le travail au studio d’arrangement, ce que j’ai appris à faire et que j’aime énormément. C’est comme un laboratoire, on rectifie les choses. J’ai eu la chance d’être bien entourée par Jean-Christophe Ortega et François Baurin. J’ai toujours la même équipe, elle n’a pas changé.
Quel a été votre processus de création pour l’écriture de cet opus ?
J’essaie plein de choses, notamment puiser dans tout ce que j’aime. Une conversation, un échange, beaucoup de films, la littérature, la musique aussi. C’est tout ce qui potentiellement m’amène dans la rêverie et la réflexion. J’ai une vision progressive sur les titres dès le début mais dans certains cas on revient sur des choses, on se rend compte que ça ne va pas. Le temps au studio nous permet de retravailler un morceau, c’est ce qui est bien. La chanson « Oslo » est partie d’un film que j’ai vu qui s’appelle « Oslo, 31 aout » de Joachim Trier. Ce n’est pas une chanson sur le film. Je l’ai regardé et j’ai été touchée par le jeu du comédien qui est très simple et vraiment habité. Et finalement, ce film raconte le questionnement des choses que fait le personnage. C’est vraiment 24 heures de la vie d’un toxicomane qui sort de désintox et de ses déambulations. J’ai été habitée par celui-ci. Je regardais certaines scènes et j’ai voulu le ressortir, faire une chanson, m’exprimer sur le protagoniste. « L’amour n’est-il » est un peu particulier parce qu’il s’agit plus d’un questionnement universel. La chanson « Sylvia », pour la petite histoire, fait référence aux œuvres littéraires de Sylvia Plath que j’ai découvert et que j’aime beaucoup. Elle est bouleversante dans ses écrits, dans sa vie. Elle parle de son quotidien, de femmes, de sa mère qui est morte assez jeune. Elle sublime tout ça. J’ai été touchée par son livre « La Cloche de détresse » (The Bell Jar en anglais). Elle parle de sa dépression qui a commencé assez jeune, de son passage en hôpital psychiatrique et elle est assez lumineuse sur ça. Je ne tombe jamais dans quelque chose de lourd dans les chansons. « Mon amie », c’est aussi un un moment particulier. Quand j’ai rencontré Jean-Christophe, je partais souvent en Normandie avec une amie et la chanson vient de là. C’est comme une lettre à une amie, je lui parle malgré la distance. C’est ce que j’adore dans les chansons, je suis libre, j’estime que si quelque chose me touche et que je peux le raconter, alors je le raconte.
Qu’écoutez-vous en ce moment ?
En ce moment, j’écoute David Bowie en boucle. J’ai vraiment été surprise par le premier titre du dernier album qu’il a sorti, « Blackstar », et j’ai beaucoup regardé le clip. J’ai découvert récemment un groupe qui est passé début février au « Point Ephémère » qui s’appelle « Lanterns on the lake ». J’ai trouvé leur musique très belle. J’aime beaucoup le dernier album de Roots Manuva. J’écoute vraiment plein de choses avec des styles variés, c’est très éclétique.