Emma François, Sessùn

Photographie : Stephanie Paparelli
Marseillaise, bohème, aventurière, moderne, Sessùn est à l’image de sa créatrice Emma François. Rencontre d’une autodidacte qui conjugue à merveille le stylisme, l’entreprenariat & la vie de famille.
Comment est né Sessùn ? « Les débuts de Sessùn se sont faits complètement par hasard. Je voyageais en mode backpacker en Amérique du sud, folie de mes 20 ans, et je travaillais comme une folle pour financer à la fois mes études d’anthropologie et mes périples. Pendant l’un d’entre eux, j’ai eu un véritable coup de coeur pour des artisans et leur savoir-faire et j’ai décidé de créer une petite ligne, qui me permettrait de financer mes voyages, et d’arrondir mes fins de mois d’étudiante. Le succès a été immédiat ! Evidemment modéré, c’était d’abord à travers un petit réseau de copines, puis certains magasins, en voyant les vêtements de mes amies, se sont demandés où elles se les étaient procurées et j’ai eu mes premières commandes. C’est allé super vite, j’étais encore étudiante, c’était il y a 20 ans… Il a fallu que je m’organise et j’ai laissé tomber ma thèse au grand désespoir familial. Je me suis lancée dans l’aventure avec des premiers salons et j’ai commencé à vendre au Japon. Sessùn s’est fait petit à petit, j’ai embauché ma première salariée en 1998, aujourd’hui, nous sommes 70, il existe 7 boutiques et nous avons plus de 800 points de vente dans le monde. »
Sessùn est une marque française et marseillaise, est ce que vous fabriquez tout ici ? «Ici, on fabrique seulement les prototypes. On a une configuration assez originale par rapport à la taille de notre entreprise : il y a 5 personnes exclusivement dédiées au patronage et au montage des prototypes. Aujourd’hui, même les entreprises plus importantes n’ont pas vraiment d’atelier de prototypage. Elles vont envoyer des tableaux de mesure aux usines et cela va créer une certaine uniformité du patronage et de la coupe en général. Or, chez nous, tout est monté et étudié ici. Deux modélistes à l’ancienne font les toiles, ce qui permet une vraie flexibilité et une originalité des patrons. On reconnaît de loin une coupe Sessùn.»
Comment se passe la création d’une collection ? Quelles sont vos sources d’inspiration ? « Comme je ne viens pas du textile au départ, mon coup de cœur, c’est la matière première, le tissu. C’est en le voyant que je vais savoir ce que je vais en faire et pas l’inverse. Chez Sessùn, nous avons 4 collections par an : deux collections classiques automne-hiver et printemps-été, une collection intermédiaire dîtes de demi-saison, on y trouve de la soie, du cachemire… Et une toute nouvelle collection : Sessùn oui. A la base, ce sont des demandes de fans de Sessùn et d’amies, qui voulaient une robe de la marque déclinée en blanc, qui nous ont donné envie de faire une collection de prêt-à-porter blanche. Cette collection capsule en vente depuis mars, se destinent aux mariées modernes, aux femmes qui ne veulent pas se marier en robe longue classique ou qui recherchent une deuxième robe pour la soirée, ainsi qu’aux femmes qui aiment le blanc ! En règle générale, Sessùn s’inscrit dans un amour des classiques dans le sens noble du terme, une palette infinie de blanc et de jolies matières : de la soie, de la dentelle, de la broderie, de l’organza. On retrouve des robes sixties, babydolls et du court, par conviction que l’engagement n’est pas proportionnel à la longueur de la robe. Plusieurs inspirations, mais toujours avec un raffinement des matières et beaucoup de dentelles de Calais, une simplicité des coupes, une certaine élégance, un corps souligné. »