Kakuyasu Uchiide

Crédits : Uchiide
Rencontre avec le directeur artistique international du maquillage Shu Uemura : Uchiide Kakuyasu. Un artiste maquilleur antistar, ultradoué et touche-à-tout ayant le maquillage et la cosmétique en art de vivre.
Pourriez-vous nous parler de vos débuts et de votre parcours pour devenir make-up artist ? «Après avoir décroché mon diplôme universitaire, je souhaitais m’orienter vers le secteur de la mode. Devenir make-up artist n’était alors pas ma vocation première. Dans les années 80, l’engouement suscité par les stylistes japonais Rei Kawakubo et Yoji Yamamoto à travers le monde éveilla mon intérêt pour la mode. Ayant étudié le droit et la gestion d’entreprise à l’université, j’ai tout de suite pensé que cela pourrait être utile pour comprendre la réglementation commerciale de l’industrie de la mode. En parallèle, la boutique shu uemura venait d’ouvrir sur l’avenue Omotesandō, les « Champs-Élysées » de Tokyo. Son intérieur, aménagé à l’image d’un atelier d’artiste, invitait les clients à essayer librement les produits, ce qui tranchait clairement avec les boutiques de produits cosmétiques traditionnelles. Les femmes ont alors commencé à porter un regard différent sur la beauté. Le maquillage n’était plus leur seule préoccupation. Elles ont commencé à considérer la beauté dans son ensemble et à intégrer les soins pour la peau dans leurs rituels de beauté, convaincues que « le secret d’un maquillage réussi repose sur une peau resplendissante ». En 1988, j’ai commencé à travailler pour shu uemura. J’étais l’un des tout premiers jeunes diplômés à être engagé. Même si M. Shu Uemura avait un emploi du temps chargé avec sa double casquette de directeur créatif et président, il lui arrivait souvent de discuter de la stratégie commerciale de la marque avec nous. Il aimait aussi nous présenter les nombreuses possibilités du maquillage. Mon admiration pour lui n’a cessé de croître et, à son image, j’ai voulu devenir make-up artist professionnel. Je ne savais pas si j’en étais vraiment capable, mais j’ai travaillé sans relâche, lui faisant part de mon ambition de devenir make-up artist et lui montrant régulièrement mes croquis. Mon jour de chance est arrivé plus tôt que prévu ! Un poste a été créé dans l’équipe des make-up artists l’hiver même de mon entrée chez shu uemura. Et je l’ai décroché ! Un make-up artist confirmé m’a tout d’abord initié aux techniques d’application du fond de teint et j’ai même eu la chance d’être formé par M. Shu Uemura en personne. La marque shu uemura repose sur le concept japonais « shu-ha-ri » : « shu » correspond à l’apprentissage en continu des fondamentaux, « ha » implique une remise en question des bases acquises et « ri » encourage à forger sa propre voie. Ce concept tire son origine de la célèbre cérémonie du thé au Japon. Il illustre une philosophie universelle, qui ne s’applique pas seulement aux make-up artists, mais à tous les êtres humains.
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Vous êtes très polyvalent, vous travaillez pour des magazines, des campagnes publicitaires, des défilés. Comment faites-vous pour stimuler cette créativité ? «Notre mission consiste à maintenir l’harmonie entre la créativité et la beauté. À mon sens, le maquillage et la cosmétique sont un véritable art de vivre. Je puise mon inspiration dans le monde qui m’entoure. J’aime jouer les observateurs et je cherche toujours à développer mon imagination. Après 26 ans de carrière, mon style devient plus naturel. Je me sens vraiment dans mon élément. Je me rends compte maintenant qu’une simple goutte de peinture peut faire la différence entre une œuvre soignée ou bien inachevée.»
Y a-t-il une marque ou un magazine avec lesquels vous aimeriez vraiment travailler ? «J’aimerais beaucoup travailler avec ceux qui font preuve d’un esprit créatif, notamment Christian Louboutin, Sarah Burton de la maison Alexander McQueen mais aussi le magazine dédié à l’art de la mode VISIONAIRE »