Nouveau féminisme…


Je suis de ces minorités, qu’on bat, qu’on viole et qu’on excise, je suis née féministe. Et même, si j’ai grandi dans un pays de liberté, où je peux m’habiller, penser, conduire et m’exprimer comme je l’entends, un pays où je suis libre de mes faits et gestes, ou néanmoins subsistent quelques inégalités tout à fait supportables, je suis née femme et tout ce qui touche aux femmes me concerne. Et je n’ai pas attendu l’affaire Weinstein pour m’y intéresser. Refusant de suivre le chemin traditionnel, le mariage, la maternité, le féminisme a ouvert l’horizon des femmes, alors enfermées dans des stéréotypes, des destins obligatoires. Cela date de la génération de nos mères, elles se sont dit “tout est possible”. C’est en cela qu’elles ont fait craquer les obligations féminines, le modèle de l’époque. Jusqu’aux années 2000, les féministes ont eu des objectifs conquérants :
Casser les règles sociales, affirmer leur liberté sexuelle, choisir ou pas d’être mère, revendiquer l’indépendance financière et l’égalité salariale. On se reconnaît toutes dans ces divers combats. Nous pensons que ces libertés acquises, l’égalité des sexes, concerne nécessairement toutes les femmes du monde.
Puis, est arrivé un nouveau féminisme, plus jeune, plus exigeant, plus pressé aussi, mêlant des combats que je juge parfaitement légitimes et d’autres, sans grand intérêt, comme l’écriture inclusive, par exemple, qui consiste à féminiser le langage en incluant « le point milieu » (ex: conducteur.rice.s). Une méthode déjà adoptée par quelques enseignants frondeurs. Ou plutôt, des frondeur.euse.s qui refusent que le masculin l’emporte sur le féminin. Je suis également philosophiquement contre la parité. Il ne s’agit pas de nommer autant de femmes que d’hommes, la question majeure est celle de la compétence. J’estime qu’il faut se concentrer sur les grands sujets. Je suis de celles qui n’ont jamais été l’ennemie des hommes, bien au contraire. Il me semble qu’il faut avancer ensemble. La pire erreur serait de généraliser. Beaucoup d’entre eux, jeunes et moins jeunes, se sentent collectivement agressés. Or, les femmes ont besoin des hommes, et inversement. Les femmes ne sont pas des Hommes comme les autres, et cela il ne faut pas l’oublier, comme nous le rappelle si justement, la philosophe Elisabeth Badinter, en dénonçant « la pensée binaire » des militantes féministes les plus radicales dans une interview donné ce week-end dans le JDD.