Les coulisses du Freeride World Tour


Crédits Photos : Swatch
Drop, back flip, face et lignes ne vous disent rien ? Ce sont les expressions phares des athlètes du Freeride World Tour. Mademoiselle les a rencontrés lors de l’étape qui se déroulait il y a quelques semaines à Chamonix. Le freeride est un sport extrême, exercé en montagne, qui propose aux amateurs de sensations fortes une nouvelle expérience : le ski ou le snowboard hors-piste. Prêts pour un petit ride ? On vous dit tout sur ce sport venu de l’autre côté de l’Atlantique.
« Liberté » : le premier mot qui caractérise le freeride pour les passionnés Nicolas Hale-Woods, fondateur du FWT, et Samuel Anthamatten, rider : « Il n’y a pas de règles, c’est la montagne qui donne une direction et après c’est à l’athlète, à l’artiste, de faire ce qu’il veut. C’est une liberté qui nous est donnée par la nature ». Montagnes sauvages, neige blanche fraîche et immaculée, descentes hors-pistes et pas d’apprentis skieurs sur leurs chemins, les freerideurs peuvent s’en donner à cœur joie. Pour ces amoureux de la montagne, de la nature et de la simplicité, il n’y a rien de plus réjouissant que ces descentes à grande vitesse, avec de la neige jusqu’à la taille. Ce sport créée à la fin des années quatre-vingts n’a peut être pas de fédération mais ce n’est pas ce qui l’a empêché d’évoluer. Le matériel est devenu plus spécifique : l’arrivée du snowboard en France a apporté une nouvelle façon de freerider, les skis se sont modernisés avec des formes spécifiques pour la pratique du hors-piste. Des sites ont été spécialement aménagés comme à Chamonix, la Vallée Blanche au cœur du massif du Mont-Blanc. Les athlètes sont désormais reconnus comme des professionnels et des compétitions sont nées un peu partout. D’ailleurs, Mademoiselle a infiltré les coulisses du Freeride World Tour, la plus grande compétition pour ces fous de sensations fortes et de liberté.
FREERIDE WORLD TOUR 2016
Tous les ans, ce championnat récompense, les meilleurs athlètes du monde, venus s’affronter dans un ballet de figures aériennes et de jets de neige. Cette 9ème édition réunis 43 hommes et 23 femmes pour cinq étapes : trois en Europe (Andorre, France, Autriche), une étape en Alaska (Haines) et enfin la grande finale à Verbier en Suisse. Six juges, trois issus du snowboard et trois du ski, notent les athlètes. Ensemble, ils évaluent leurs fluidités, le choix de leurs lignes, leurs maîtrises, leurs sauts, leurs techniques mais aussi leurs styles.
JUNIOR ET QUALIFERS FREERIDE TOUR
Deux autres championnats ont été crées en marge du World Tour. Le Junior Freeride Tour permet aux jeunes de 14 à 17 ans de faire valoir leurs talents. Quant au Qualifers Freeride Tour, il s’agit ni plus ni moins de l’étape de sélection qui propulsera les meilleurs espoirs du freeride dans le monde des grands, le World Tour. Sans fédération, il a fallu instaurer ce parcours afin de donner un peu de légitimité au prix. Le niveau ne fait qu’augmenter. Nicolas Hale-Woods voit entrer dans la compétition des jeunes de 19 ou 20 ans avec une dizaine d’année d’expérience derrière eux. Très fier, ce papa a vu son fils prendre part à la compétition pour la première fois cet hiver : « J’ai deux garçons dont un qui courrait ce matin. Ce que j’adore c’est la motivation que créée ce sport, là typiquement il était avec quatre de ses amis dans le concours et à 6h15, au petit-déjeuner, c’était une dynamique qui était bonne et saine ».

Crédits Photos : Swatch
LA BELLE PHILOSOPHIE DES ATHLÈTES
Le freeride est un sport extrême, les athlètes le savent. Ils sont les premiers à en profiter mais aussi à en souffrir. Bon nombre d’entre eux se sont fait avoir, au détour d’une montagne, par une coulée de neige ou une chute. Conscients de la dangerosité de leur passion, ils profitent de la vie et de chaque petit moment de bonheur qu’ils parviennent à saisir. Ce sont des personnes proches de la nature et dont l’humilité n’est plus à prouver. Leur objectif a beau être le même : gagner la compétition, hors de question pour eux de faire du chacun pour soi ! Ils se conseillent mutuellement. Les expériences des autres sont toujours bonnes à prendre. Samuel Anthamatten est le premier à mettre ses connaissances de guide de montagne au service de ses camarades : « Ses amis le consultent beaucoup quant à la lecture de la montagne, au choix des lignes, à la qualité de la neige », explique Nicolas Hale-Woods. C’est cette solidarité entre les athlètes qui crée une ambiance si détendue et agréable.
PLAISIR ET SÉCURITÉ NE FONT QU’UN
Hors de question d’effectuer une descente sans matériel de survie. Aussi petit qu’il soit, tout est bon à prendre en hors-pistes : un sac à dos airbag, une balise GPS pour être repéré sous la neige, et même une petite pelle pour creuser. Un vieux dicton français bien connu conseille « Mieux vaut prévenir que guérir ». Nicolas Hale-Woods y pensait certainement en choisissant l’ISTA (international snow training academy) comme partenaire éducatif pour le Freeride World Tour. L’ISTA propose un programme d’initiation et de formation qui permet à chacun d’évoluer en sécurité, avec liberté et plaisir, dans la montagne. Développé à Lausanne auprès de 43 professionnels, le programme propose quatre certifications progressives qui permettent d’acquérir les connaissances suffisantes pour prévenir et gérer une situation de crise. La formation sera disponible dans certaines écoles de France à l’hiver 2016-2017. Des avantages chez les partenaires de l’ISTA sont offerts aux acheteurs pour contrebalancer le prix de la formation. Les athlètes du FWT sont soumis à un jugement qui s’intéresse non pas à la vitesse mais au contrôle et à l’inclusion d’une marge d’erreur dans leur trajectoire. Une notation faite pour les préserver de toute catastrophe. Le fondateur explique que même si le championnat a été épargné pour le moment, il s’attend et se prépare à l’arrivée d’un accident : « Un jour ça arrivera, les statistiques le montrent par rapport au nombre d’engagés dans la compétition, mais on s’y prépare ».

Crédits Photos : Swatch
MENER LE FREERIDE À SON APOGÉE
Dans les prochaines années, Nicolas Hale-Woods aimerait ajouter de nouvelles étapes à son World Tour dont certaines en Asie et dans l’hémisphère sud afin d’avoir entre ses mains un projet complet. Comme beaucoup d’athlètes, il espère la création d’une fédération de freeride afin de développer les compétitions, l’éducation et d’aider les riders à mieux gagner leurs vies : « On ne fait pas une carrière dans le freeride pour ensuite prendre sa retraite ». Les riders, bien qu’aidés par leurs sponsors doivent assumer eux-mêmes leurs frais, d’où la nécessité de bien gérer ses relations publiques et de s’organiser efficacement. Ces athlètes fonctionnent comme des petites start-up, ce qui leur permet de quitter le monde du freeride avec les pieds sur terre et plusieurs bonnes compétences pour recommencer leurs vies ailleurs.
DREGREES NORTH
Mademoiselle s’est penchée sur le cas Xavier Delerue, champion mondial de freeride. Cet hiver, accompagné de sa femme et de sa fille, il parcourra le monde entier à la recherche des plus beaux endroits. Une aventure à suivre via une web-série qu’il édite lui-même, « Do it yourself ». Xavier Delerue est aussi à la tête d’un film, « Degrees North ». Le réalisateur et quelques amis dont Samuel Anthamatten partent à la découverte des sommets de l’Alaska et de l’archipel norvégien du Svalbard, bien au-delà du cercle polaire. Un film rythmé par des températures plus que négatives, des déconvenues, quelques mauvaises surprises et des expériences impressionnantes. Entièrement filmé à l’aide d’un drone, les paysages et les risques n’en sont que plus vivants. Mademoiselle a vu quelques images, elle en a eu le souffle coupé. Et vous ?
Crédits SWATCH & THE NORTH FACE
Avec une telle volonté et une aussi belle motivation, Mademoiselle ne doute pas que dans quelques années le freeride sera sur toutes les lèvres, faisant rêver les skieurs et snowboarders d’aventures au plus près de la nature. Le freeride et la montagne ont encore de longues et jolies années de cohabitations devant eux !