Cathy Waterman

Photographie : Caroline Pauleau
Née en Californie, Cathy Waterman s’inspire de la nature pour créer des bijoux aux accents d’antan, des collections en platine ou en or 22 carats. Chez Barney’s aux Etats Unis, c’est uniquement chez White Bird en France qu’elle vend ses jolies créations. De passage à Paris, nous l’avons rencontré.
Comment devient on joaillier ? « Je suis devenue joaillère aux termes d’un parcours sinueux. Je suis l’ainée de la famille et ai toujours été bonne élève, les études étaient ma priorité. A l’époque, les projets artistiques n’étaient pas très développés dans les écoles. Mais ma sœur, qui n’était pas aussi bonne élève que moi, a très vite été encouragée à se rediriger vers l’Art. Quant à moi, ce n’est qu’après plusieurs années que j’ai pris conscience de mon talent. J’ai étudié l’Histoire de l’Empire Byzantin et du Christianisme ancien mais suis finalement devenue avocate. Je ne souhaitais pas pratiquer le droit mais voulais être capable d’entrer dans une pièce sans être intimidée par qui que ce soit. Cela m’a bien servi. Apres être devenue avocate, j’ai travaillé dans l’industrie du cinéma dans le domaine du « développement ». J’étais en contact direct avec les auteurs, les réalisateurs et les agents littéraires. C’est alors que j’ai pris conscience de mon talent créatif. Je perdais facilement patience lors du processus de fabrication des films, car mes idées n’étaient presque jamais prises en compte, j’ai donc commencé à dessiner et à fabriquer des vêtements. J’ai toujours aimé la sensation qu’un objet fait à la main peut procurer, j’en ai collectionné un grand nombre au fil des années. Lors de « mes années styliste », le père de mon mari est tombé malade. C’était un ancien marchand de diamants à Beverly Hills. Avant sa mort je lui ai demandé conseil, je souhaitais savoir où je devais me rendre pour acheter des diamants et des perles et qui pourrait m’aider à en faire des bijoux…j’ai gardé la liste de ses conseils dans coin de ma tête pendant quelques temps puis un jour j’ai commencé à dessiner des bijoux. Je collectionnais les bijoux anciens mais ils se cassaient constamment, cela a fini par m’agacer et j’ai donc commencé à imaginer mes propres bijoux, grâce au dessin j’ai découvert un puit d’inspiration inépuisable. Lors de la création de ma première pièce j’ai fait confiance à l’adorable Monsieur Suédois dont mon beau-père m’avait parlé, mais mon rythme de travail a commencé à s’accélérer et je me suis alors tournée vers les fantastiques joaillers traditionnels de Los Angeles qui confectionnaient les bijoux des stars hollywoodiennes au milieu des années 1900. Mes bijoux ont reçu un bel accueil et ainsi est née ma première collection. Elle se composait d’or 22k, de diamants, de rubis, de saphirs, d’émeraudes et ressemblait à un trésor enfoui. Je l’ai alors embarquée à New York. Lors de mon premier entretien, Barneys New York m’a demandé l’exclusivité (qu’ils ont encore aujourd’hui), ils ont acheté toute la collection et tout s’est alors mis en marche.»
Quelles sont vos sources d’inspiration ? « Je suis constamment inspirée par la beauté et par la férocité de la nature. Elle est ma plus grande source d’inspiration, je peux voir un bijou dans l’ombre d’une feuille sur le sol, dans la manière dont une rose se fane, il m’arrive même de voir des choses qui n’existent pas, c’est un don. J’aime les histoires, tirées de la Littérature ou de l’Histoire et je peux puiser mon inspiration dans un mot ou un vers. Comme je suis dévouée à l’artisanat et que j’utilise des techniques anciennes, je pense que mes bijoux peuvent paraitre antiques, mais je prends toujours soin de leur ajouter une touche moderne. »
Quel est le processus de création d’un bijoux ? « Je dessine sans cesse et ne sors jamais sans mon carnet de croquis. Une pièce va donc naitre à la suite d’un dessin ou même d’un gribouillage. Même lorsque la pièce debute par une pierre de couleur ou un diamant, je photographie la pierre pour l’imprimer et dessiner autour. Je vois les bijoux entièrement formés dans ma tête lorsque je dessine et suis tout autant touché par ce que je vois que pars ce que j’imagine. Une fois le croquis terminé, je le remets à un joailler. Je suis de près chaque étape de la fabrication. Il s’agit souvent d’un processus lent parce que je suis une perfectionniste. »