Les petites mains de la mode
La Haute Couture et ses artisans, toute une histoire d’amour. Focus sur 3 peaufineurs de rêve aux doigts de fée.
Celui qu’on ne présente plus et qui a apporté sa contribution aux plus grands depuis plus d’un demi siècle, qui a vu naître les plus jolies broderies du monde sous ses petites mains alertes, c’est bien sûr Monsieur Lesage. Cet héritier d’une grande famille de brodeurs et Chevalier de la Légion d’Honneur collabore avec les plus grands : Dior, Balmain, Givenchy, Chanel, Christian Lacroix confient inconditionnellement leur vision et leur fantaisie au maître de la broderie française. Véritable référence incontournable dans le monde très fermé de la Haute Couture française, François Lesage déclare « Un couturier c’est comme un compositeur. S’il n’y a pas de musiciens pour jouer sa partition, il ne se passe rien ». Pour lui, rien n’est impossible et les demandes les plus folles prennent vie dans ses ateliers pour devenir les pièces les plus précieuses à défiler sur les catwalks.
Quelques chiffres à faire tourner la tête : 60 tonnes de fournitures (cristaux, strass, perles en tous genres), 9.000.000 d’heures de travail, 65.000 échantillons archivés… Voilà de quoi l’empire Lesage est constitué. En 2002, la Maison intègre la galaxie Chanel tout en continuant son travail de brodeurs au service de la planète Couture, sa propre collection d’accessoires et son école de broderie. Car, ô joie, ce savoir-faire ne disparaîtra pas puisqu’il forme la crème de la crème à devenir le François Lesage de demain.
Autre artisan qui a déjà sauvé la vie de bien plus d’une femme: le cordonnier Minuit moins 7. Car c’est bien joli de se jucher sur des talons de 15 centimètres à la semelle rouge, mais encore faut-il les entretenir. Et oui, dans la vie de toute femme moderne qui se respecte, les escarpins sont tout terrain.Cette cordonnerie traditionnelle est un don du ciel, seule au monde à pouvoir remplacer les fameuses semelles de Monsieur Christian Louboutin, dont la boutique est d’ailleurs à deux pas, si un craquage shopping pointe le bout de son nez. Toutes les demandes y trouvent une réponse, du talon épuisé, aux vilaines traces d’usure, de l’élargissement d’une botte, à la palette arc-en-ciel de crèmes pour l’entretien de vos beautés. L’excellence et le savoir-faire y retrouvent tout leur sens. Minuit moins 7 , 10 Passage Véro-Dodat, Paris 1er
Direction enfin l’atelier de Marcelle Guillet, serre atypique où le printemps est éternel. A la tête de la Maison éponyme fondée en 1986, elle aussi membre de l’univers Chanel, cet artisan en ‘fleurs de mode’ manie avec dextérité et génie les feuillages, les tiges, les pétales et autres pistilles. Lys, arums, amaryllis, roses, pivoines et camélias…le tout en soie, velours, satin duchesse, dentelle Solstice et parfois même PVC, plume et cheveux (?!). Elle raconte : « Je m’inspire des fleurs que je vois dans la nature, du mouvement des vagues. Je suis très observatrice ». Au service du beau monde comme Balenciaga, Rochas, Balmain, Yves Saint-Laurent, Sonia Rykiel, Christian Lacroix, Cartier, Lancôme ou Chanel, elle s’attache à développer des modèles toujours plus fous et ingénieux grâce à un savoir-faire magique lui permettant de dompter couture, pressage et gauffrage pour un résultat plus vrai que nature.