Ugly is hype
Crédits : No Alternative
C’est officiel, les Bobos c’est du passé. Mais qui sont ces nouveaux élus qui réécrivent les codes de ‘l’esthétiquement correct’? Ce nouveau genre a émergé sous la houlette de Bénédicte Fabien, du bureau de tendances Martine Leherpeur Conseil, qui l’a joliment nommé, …roulement de tambour: Bomo. En d’autres termes les bourgeois-moches. Qui l’eut cru, qu’après la recherche du bio-bon-beau, qu’après une allure de fleur des champs ou d’une Charlotte Gainsbourg so parisienne, qu’après le « less is more », le Bobo allait céder et laisser sa place.
La tribu des Bomos est facilement identifiable. Adepte du ‘Ugly is Beautiful’, ils vouent un culte au décalé, au loufoque, à la laideur avec pour leitmotiv de prendre le contrepied de la tendance. Car bien loin des catwalks et du copier-coller people, les Bomos se plaisent à recréer une harmonie dans le kitsch, en quête de racines et de significations. Car tel est l’intérêt de ces nostalgiques de ‘l’avant’ : retrouver du sens là où on n’en trouve plus aujourd’hui.
Il ne s’agit pas seulement de sortir de la masse grâce à des dégaines incongrues, faites à grands coups de sweats imprimés robots vintages, de pantalons en velours trop courts et de lunettes de Papi XXL. L’idée est de provoquer, avec intelligence et brio, les fashionistas pour qui ‘style’ rime avec ‘ten-dance-tem-poraire’. Admettons-le, être tendance c’est ringard.
Ils adoptent une façon différente d’appréhender la mode, recherchant la bonne faute de goût et testant les limites à l’extrême. C’est tout un système qui se transforme et se remet en cause. Car loin, très loin des galeries commerçantes, le Bomo chine, cherche, arpente les vide-greniers, brocantes et autres entrepôts de seconde-main pour se refaire une garde-robe et un intérieur dignes de ce nom. Plus qu’une conviction, la récup reprend ses lettres de noblesse avec les souvenirs qu’elle renvoie, donc l’histoire qu’elle crée. Consistance, consistance, bonjour.
La surenchère, ce n’est vraiment pas le truc. Mais attention, ils savent ce qu’ils font. Des styles étudiés au millimètre près, des silhouettes qui frôlent la limite du bon goût, des couleurs tranchées et autres imprimés loufoques qui s’entremêlent pour un résultat surprenant. Bijoux en plastique, casquette de rappeur 90’s, chaussettes Burlington, fourrure chipée à Mamie, longueur mi-mollet ou feu de plancher, taille haute, sweats animaux (vive les bikers !), sacs à dos, carreaux et volumes anti-glamour. Pour la palette de couleurs, ils flirtent avec le vert bouteille, bleu canard, jaune moutarde, citrouille et autre marron châtaigne. Ceux que certains appellent freaks, tandis que pour d’autres ils sont icônes et leaders d’opinions, s’imposent sur la scène mode, tant et si bien que certaines maisons sont devenues emblématiques de ce contre-courant, comme notamment la maison Carven avec des inspirations rétro, vintage et arty. Pour les boutiques incontournables, direction Ma jolie garde-robe, Mamie et Kilo Shop pour se composer un look hybride. Du côté des inspirations, on citera les Icônes Bomos Tavi Gevinson (dont le blog thestylerookie.com est devenu incontournable sur la planète mode) et notre Daphné Burki nationale.
Mademoiselle se ravit de ce changement de cap même si on préconise de petites touches plutôt qu’un total look, qui peut vite déraper et finir en nœud de boudin. Il faut de tout pour faire une mode !
Ma jolie garde-robe : 15 rue des Commines, Paris 3
Mamie : 73 rue de Rochechouart, Paris 9
Kilo Shop : 69-71 rue de la Verrerie, Paris 4