Armand Hadida

Crédits : Armand Hadida
Fondateur et acheteur pour L’Eclaireur, référence internationale pour les destinations mode, directeur artistique du salon Tranoï, Armand Hadida est reconnu pour être un dénicheur de talents depuis plus de 30 ans. C’est dans son espace de la rue de Sévigné qu’il nous a donné rendez-vous.
Quelles sont les qualités requises chères à un designer pour être mis en avant chez l’Eclaireur aujourd’hui ? « Nous devons essayer de trouver chez un styliste quelque chose qui lui soit personnel. Un langage propre, une réponse, une manière d’être hermétique à tout ce qui est tendance et tout ce qui est imposé par les marchés et par la presse. Le rêve serait d’exprimer une certaine créativité tout en l’imposant comme une évidence. Car la créativité a le pouvoir de sensibiliser, d’attirer, de toucher un œil déjà saturé et qui refuse tout conformisme. La chose primordiale pour un designer, c’est d’arriver à créer son propre univers, son propre langage. Parce que la répétition tue la mode. Le mot clef de la création, c’est la différence. Alors si on décide d’adopter un nouveau venu, il faut qu’il soit non seulement complètement différent en plus d’être complémentaire de ceux déjà présents. On a le devoir aussi de cultiver ce fil conducteur, pour arriver à conserver une orchestration générale, et donner une cohérence au niveau de la lecture et de l’offre. »
Quelle est votre vision du retail ?
« Il faut faire évoluer les boutiques qui sont de véritables prisons de mode. En essayant d’amener de l’eau au moulin afin d’élargir le spectre de cet outil de travail qui est aujourd’hui obsolète, en créant des lieux, des décors, des espaces de vie et de découverte. C’est un travail expérimental qui est plus que séduisant parce que dans les 8 jours qui suivent, c’est ce modèle qui va imposer sa nouvelle stratégie, sa vision du retail à toutes les autres boutiques. C’est une expérience extraordinaire.»
Vous avez monté l’éclaireur avec votre femme, votre fille a fait évoluer le concept vers le e-shopping, votre fils est aux commandes du Tranoï, que représente pour vous la notion de famille dans cette aventure ? «La famille c’est quelque chose de trop personnel et de trop précieux pour le partager et l’imprimer. La famille pour moi c’est un lien qui relie deux êtres humains, un lien qui va se traduire par rapport à des sensibilités communes, avoir le même respect de certains codes, c’est ça qui nous relie les uns aux autres, c’est le propre de la famille. Ce n’est parce qu’on va parler de vraie famille composée naturellement, génétiquement, que l’on va forcément avoir des sensibilités communes. Il y a quelque chose d’anachronique pour moi. On trouve parfois plus de sensibilités aigües à travers deux personnes étrangères mais portées sur les mêmes valeurs et les mêmes sensibilités.».