Nouveaux Nez

arfum, du latin « per fumum », par la fumée. Une note qui évoque un souvenir, un parfum qui laisse des traces. La mémoire olfactive est plus intense que les autres sens, comme la réminiscence d’un instant, d’une époque ou d’une personne. Des senteurs d’intérieur aux fragrances identitaires des boutiques et des hôtels, le parfum s’impose naturellement à nous. Petit tour d’horizon sur ce paysage olfactif et ses nouveaux-nez.
Elle est loin l’époque où les jus baignés à grands coups de marketing ne saturaient que l’air des rayons des grands magasins. C’est Coco Chanel et son fameux n°5 qui signa l’air du parfum intemporel à grande échelle. Pourtant aujourd’hui, les petites boutiques intimistes reviennent à grands pas sur un domaine en quête d’authenticité, où chaque fragrance raconte une histoire sur mesure. Désormais lassés de chercher un jus anonyme dans les rayons de grands magasins, les préférences vont à ces boutiques moins conventionnelles, en quête de senteurs plus personnelles. Les parfumeurs de niche redorent ainsi leur blason auprès du grand public, c’est le cas de Frédéric Malle, parfumeur éditeur qui ne confie la création de ses fragrances qu’aux nez les plus talentueux, comme Olivia Giacobetti, devenue une incontournable de la parfumerie. Petit tour parisien des enseignes qui ont le parfum en poupe :
Dans le Ier arrondissement, les bonnes adresses se succèdent les unes aux autres : Penhaligon’s, ancien créateur de fragrances pour la noblesse britannique accueille les Victoriens en devenir dans une ambiance londoninene très 1900. A quelques pas de là, Astier de Vilatte retrace les plus belles villes du monde et nous fait voyager d’ Alger à Cabourg, en passant par Honolulu, Kobé, Monte Carlo ou
Naples à travers une collection de bougies parfumées. Deux encablures plus loin, Amin Kader vous révèle le secret bien gardé des eaux Santa Maria Novella élaborées à Florence par des moines dominicains depuis l’an 1221. Direction place Vendôme, rue de Castiglione, où Jovoy se fait l’ambassadeur des parfums rares à Paris. Au cœur du célèbre Marais, Etat Libre d’Orange répète des notes de provocation sur fond d’audace dans un espace où censure et codes de conduite sont prohibés : « Le parfum est mort, vive le parfum ! ».
N’oublions pas les classiques de la parfumerie française pour lesquels notre engouement ne tarit pas : l’incontournable Serge Lutens , l’indémodable Dyptique, Fragonard le vétéran ou bien encore Lubin, Nicolaï, Annick Goutal et Guerlain… Entre puristes et consommateurs instruits, le parfum se ravit chez les petits artisans ou authenticité et confidentialité sont devenues les qualités indispensables à leur signature.